La consommation d’eau point noir de l’exploitation du lithium

Au Chili et en Argentine, l’extraction du lithium s’effectue par le pompage de saumures dans le sous-sol puis par leur évaporation dans d’immenses bassins de décantation, les salares, où le soleil sèche la matière et révèle le lithium. 


Là où le bât blesse, c’est que cette méthode est particulièrement consommatrice en eau alors que l’extraction s’effectue dans un milieu quasi désertique. Cela provoque de graves tensions avec les populations locales indigènes qui n’ont plus qu’un accès restreint à l’eau (pour leur usage domestique ou agricole). 
Il faut savoir que c’est l’une des régions les plus sèches du monde. Ainsi, par exemple, à San Pedro de Atacama, au Chili, la pluviométrie annuelle est de 4 cm, et de 2 cm au milieu du salar.
Plusieurs études et articles ont été publiés récemment pour dénoncer l’impact négatif de l’extraction du lithium dans les Andes, sur la contamination et l’épuisement des ressources en eau douce pour la population locale, affectant sérieusement les conditions de vie des habitants de la région. Ceux-ci ne peuvent plus élever d’animaux ni cultiver, comme le faisaient leurs parents, et le plus souvent dépendent de camions citernes pour être approvisionnés en eau potable. 
C’est ce que nous rapporte, entre autres, l’étude d’avril 2022 du Natural Resources Defense Council (NRCC) Exausted : How we Can Stop Lithium Mining from Depleting Water Resources, Draining Wetlands, and Harming Communities in South America
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que 95% de l’eau sortie des aquifères salins est ensuite évaporée et ne revient pas sous forme de pluie. Et c’est sans compter l’eau douce nécessaire pour les opérations de l’exploitation. Or, l’eau douce de surface n’est pas uniquement alimentée par la pluie et le ruissellement des montagnes avoisinantes, les précipitations ne sont que de quelques millimètres par année sur le salar d’Atacama, le plus exploité pour le lithium des saumures souterraines. Des chercheurs en géologie de l’Université du Massachusetts après dix années de recherche, qu’une bonne partie de l’eau douce de surface de cette région provient d’aquifères souterrains. Les chercheurs précisent que l’hydrologie est complexe et qu’on ne peut prendre comme acquis que les aquifères d’eau salée et ceux d’eau douce ne s’influencent pas, surtout en présence de perturbations importantes comme les forages et le prélèvement de grandes quantités de saumures.

Pour Rodrigo Arenas :

« Le choix du tout-électrique de l’Europe pèse sur l’exploitation des minéraux critiques. Nous ne pouvons pas faire notre révolution environnementale sur le dos de l’Amérique andine. Même si nous voulions remplacer toutes nos voitures thermiques par des véhicules électriques, nous ne le pourrions pas : les ressources en cuivre par exemple ni suffiraient pas ! Le défi écologique que nous avons à surmonter ne pourra se faire qu’à la condition que nous respections les droits des populations des pays extractivistes et à la condition que nous-même baissions notre consommation excessive d’électricité ».

https://www.biobiochile.cl/noticias/internacional/mundo/2023/09/09/rodrigo-arenas-diputado-frances-la-transicion-energetica-de-europa-la-esta-pagando-america-latina.shtml

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