La Commission européenne a annoncé sa volonté de conclure l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur au cours des prochaines semaines. Cette signature ne peut être tolérée. Quelles que soient les motivations de chacun, cette signature sera discutée à l’Assemblée nationale le 26 novembre prochain. La représentation nationale aura le dernier mot pour cette décision qui engage l’avenir de notre système agricole. Je voterai contre cet accord.
Les agriculteurs français ont commencé cette semaine une nouvelle mobilisation, notamment pour dénoncer cet accord. Ils ont raison. Fruit de 25 ans de négociation avec les pays du Mercosur, la version actuelle est d’ores et déjà obsolète. Il ne peut être accepté un traité de libre-échange qui ne ferait qu’avantager l’importation de denrées alimentaires de moins bonne qualité au profit d’exportations industrielles (surtout automobiles) qui correspond à un modèle économique dépassé.
Les paysans ont raison d’être en colère. Cet accord ne ferait que mettre une nouvelle pierre dans leurs difficultés à se dégager un revenu décent, à l’heure ou près d’un cinquième des agriculteurs a un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Si cette situation est liée à un modèle productiviste complètement dépassé, y intégrer une nouvelle concurrence encore plus productiviste n’arrangera rien à la situation.
Des négociations d’une telle importance avec les pays d’Amérique du sud devraient être l’occasion de relancer une diplomatie française multilatéraliste, basée sur l’entraide et le respect des accords internationaux, dont l’Accord de Paris. Ce n’est pas en encourageant une hausse de la déforestation de l’Amazonie et en important -à un coût carbone trop important par rapport à nos besoins- des productions qui ne respectent pas nos normes que la position de la France sera plus respectée dans le monde.
Au-delà de ça, il ne peut être envisagé comme équitable un accord qui nuit aux intérêts des agriculteurs français par une concurrence déloyale, et qui encourage l’exploitation des paysans brésiliens dans un système productiviste délétère. Un accord aussi massif (concernant entre 40 et 45 milliards d’euros d’importations et d’exportations par an) devrait plutôt donner l’opportunité à la production des pays concernés de monter en gamme. L’Union Européenne a, dans cette situation, une part de responsabilité importante, qu’elle doit assumer devant les paysans.
Les relations internationales ne doivent pas être basées sur des relations commerciales, elles doivent être un prétexte pour mener une politique écologique, sociale et respectueuse de l’environnement au niveau international et relancer des relations multilatérales indispensables pour que la France garde une voix entendue dans la région.
Nos paysans ne doivent pas être le fusible d’intérêts industriels européens qui ne sont pas au niveau de la bifurcation écologique nécessaire. Les choix commerciaux actuels de l’UE ne doivent pas menacer la souveraineté alimentaire française faisant peser sur les générations futures une amplification du caractère industriel et mondialisé de notre système agricole.