Harcèlement scolaire : l’école à coup d’électrochoc

TRIBUNE

Electrochoc : « Méthode qui consiste à provoquer des convulsions épileptiques par le passage bref de courant à travers le cerveau ». Serait-ce la nouvelle politique choisie par le gouvernement pour répondre au harcèlement scolaire ?

Entendons-nous bien : les propos tenus par cet adolescent harceleur arrêté à Alfortville sont d’une violence inacceptable et intolérable. Mais le choix d’arrêter ce jeune en plein cours questionne…

De l’aveu même du ministre de l’Education, qui soutenait pourtant en 2019 l’interdiction des violences éducatives, en faisant intervenir les forces de police et en menottant un jeune mineur en plein cours, il s’agissait de provoquer un « électrochoc », soi-disant salvateur.

Ce choix, d’une incroyable violence, est en pleine contradiction avec la convention des droits de l’enfant par laquelle ses signataires s’engagent à protéger l’enfant de toute forme de violence.

Rappelons-le, les spécialistes sont unanimes, à l’instar de l’auteur Olivier Maurel : pour poser des limites, la violence n’est pas une solution. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la peine de mort a été abolie il y a presque quarante ans aujourd’hui. C’est aussi pour cela que les futurs époux, avant le consentement, s’engagent à n’exercer aucun violence, ni physique ni psychologique, sur leurs enfants.

Ainsi, croire, ou faire croire, que la question du harcèlement sera réglée à coups « d’électrochocs » est une farce macabre.

Ces violences devenues ordinaires au sein des établissements scolaires ne seront pas réglées par l’exercice de la force, même symbolique. Penser que cet adolescent homophobe et violent changera d’opinion et de comportement parce que la police l’a arrêté en plein cours est une naïve illusion. Seule une action pédagogique le fera, peut-être, changer. La peine qu’il subira devra l’aider à accomplir ce changement personnel, ce travail sur lui-même. Mais ce ne sera pas suffisant. C’est le dressage qui repose sur la violence, l’éducation au contraire est pacifique, elle fait appel à l’intelligence, sur le temps long. C’est la raison pour laquelle il paraît urgent de mettre en place des cours de philosophie et de droit dès le plus jeune âge, pour « éduquer », et non pas « mater la jeunesse ».

Car c’est bien de cela dont il s’agit : mettre au pas ces jeunes. Les gouvernements d’Emmanuel Macron n’ont eu de cesse, depuis cinq ans, de discipliner cette jeunesse qui, souvent, lui est hostile. En les humiliant, à genoux lors d’une interpellation à Mantes-la-Jolie. En les mortifiant, avec des pompes sur gravier lors d’un stage SNU. En les effrayant, par des gardes à vue lors des manifestations contre les retraites. En les angoissant, avec le spectacle d’une arrestation musclée en pleine classe. 

Nous ne pouvons pas être des témoins passifs de cette mise au pas de la jeunesse, typique des régimes autoritaires. Nous ne pouvons pas laisser nos jeunes avoir peur de leurs aînés, avoir peur d’exprimer leurs idées, subir des violences pour leurs engagements. 

Sanctionner et punir est parfois nécessaire, notamment quand la loi l’exige. En l’occurrence, les faits sont graves et méritent sanction. Mais cela doit toujours se faire dans le respect des personnes. Les mineurs ont des droits. Notamment celui d’être protégés de toute violence, y compris quand eux-mêmes sont auteurs de violences. 

Rodrigo Arenas, député de Paris

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