Inondations à Valence et rôle des barrages : une réponse à l’extrême-droite

Postée le 1er novembre sur X par « Le_Patriote13 », un compte d’extrême droite, soutien d’Éric Zemmour, la publication – vue près de 400 000 fois et partagée notamment par le journaliste sportif et chroniqueur Frédéric Hermel – est accompagnée d’une carte, que son auteur présente ainsi : « Les points bleus indiquent tous les barrages qui ont été supprimés autour de Valence ». Aucune source n’est donnée. En réalité, ces points renvoient aux retenues d’eau, lacs de barrage, seulement des ouvrages qui ne bloquent pas le passage de l’eau.

En juin 2023, la Confédération hydrographique du Júcar justifiait la destruction de certains de ces ouvrages car « nombre d’entre eux [étaient] hors d’usage et sans fonction ». Un site du ministère espagnol de la Transition écologique permet de considérer où ont été détruits ces seuils et leurs caractéristiques : la plupart mesuraient 1,5 mètre de hauteur. En réalité, la coalition de gauche de Valence a détruit d’anciens barrages pour contribuer d’un meilleur écoulement des cours d’eau.

La communauté autonome de Valence est chargée de la prévention des risques en vertu des pouvoirs décentralisés en vertu de la Constitution espagnole. Ce territoire peuplé de 5 millions d’habitants est depuis juin 2023 le laboratoire du rapprochement entre le Parti populaire et Vox – bien que ce dernier ne soit plus dans le gouvernement local.

Il a depuis imposé sa politique climatosceptique, avec le démantèlement de l’Unité valencienne de réponse aux urgences, un service public qui avait été créé par la majorité précédente de gauche en 2019. C’est seulement à partir de 20h, le 29 octobre, que la région a diffusé un message d’alerte sur tous les téléphones portables des habitants. Trop tard. C’est dès 18h que les conséquences dramatiques des inondations se produites avec des crues soudaines, quand les habitants allaient de leur travail à leur domicile ou faisaient leurs courses.

On estime à 280 000 le nombre de logements en zone inondable dans la région, représentant plus d’un quart de tout le pays. Une étude espagnole réalisée par le géographe V. Soriano en 2014 explique que, depuis 1956, les deux tiers des vergers de l’agglomération de Valence ont été supprimés : de 15 000 hectares il y a 60 ans, il restait seulement 6 000 hectares il y a 10 ans. C’est ce qui représente l’équivalent de la taille de la ville de Paris. L’aménagement urbanistique de nos métropoles doit désormais être au cœur de notre stratégie de réponse aux événements climatiques extrêmes.

Face aux fausses informations de l’extrême-droite, il nous appartient de dire la vérité : l’anticipation et l’adaptation seront les seules réponses de long terme pour qu’un tel drame ne se reproduise plus.