Monsieur le Président de la République,
Nous sommes des citoyennes et citoyens français issus de tous horizons et de toutes convictions unis par des liens d’amitié et l’attachement aux valeurs de la République, inquiets de l’évolution de la situation au Proche-Orient et de ses conséquences en France.
La cérémonie d’hommage national aux victimes françaises des attaques terroristes du 7 octobre en Israël était nécessaire à un double titre : marquer la sollicitude de notre communauté nationale et refuser la barbarie.
Dans le même esprit nous avons été marqués par votre volonté d’organiser un temps similaire pour les victimes françaises de la guerre conduite par Israël à Gaza.
En effet, l’effroi et la peine qui nous ont saisis le 7 octobre pour toutes ces victimes françaises, israéliennes, venues d’autres horizons, nourrissent aussi notre indignation face aux massacres perpétrés par l’armée israélienne à Gaza et qui frappent indistinctement des franco-palestiniens et l’ensemble des habitants de ce territoire avec un bilan terrible, notamment par le nombre effarant d’enfants tués. Ces massacres d’innocents nourrissent des haines croisées et l’absence totale de perspectives.
C’est pourquoi nous saluons votre démarche et en attendons une organisation à la même hauteur symbolique avec le choix d’un lieu qui traduise l’exigence française en matière de justice et de respect des Droits de l’Homme.
Ce temps symbolique est d’autant plus important que le conflit au Proche-Orient a des impacts majeurs sur notre cohésion républicaine. Nous sommes saisis par un sentiment de perplexité et de désarroi face à des attitudes et prises de position parfois au plus haut sommet de l’Etat portant le risque d’une dérive communautariste. Notre malaise est aussi lié à ce que vivons comme un déni face aux alertes de l’ONU et à la décision de la Cour internationale de Justice saisie par l’Afrique du Sud. A cet égard les prises de positions unilatérales d’un grand nombre de responsables politiques traduisent une certaine incompréhension française du poids des opinions publiques en Afrique et ailleurs dans le monde. Cette attitude entraîne le recul de notre image en Afrique et nourrit une aversion désolante.
Notre attachement à la paix et à la justice est le signe de notre vigilance à ce que notre Etat soit garant de la promesse républicaine faite à toutes et tous. Dans les campagnes comme dans les villes et les banlieues.
C’est en cela que votre engagement, Monsieur le Président de la République, sera déterminant pour notre cohésion nationale et pour une égale considération de cette double tragédie. C’est par notre unité, dont vous êtes le garant, et par notre capacité à surmonter nos divergences que pourra advenir la paix sociale. C’est à cette condition enfin que notre pays pourra continuer à incarner ses valeurs universelles d’égalité et de fraternité ici et dans le monde.
SIGNATAIRES :
Bernard CHAMBAZ (écrivain), Abdel AÏSSOU (ex conseiller ministre de l’intérieur), Ernest PIGNON Ernest (artiste plasticien), Annie ELLENA (agricultrice), Paul EUZIERES (président festival Transméditerranée), Elise PICON (réalisatrice), Alain GIRAUD (médecin), Linda BENKACEM (consultante), Mohamed GHANNEM (professeur chercheur en Cardiologie), Nathalie LAVILLE (conseillère de Paris), Ti-Hanh PHAN (directrice artistique), Rachid BOUDIA (gestionnaire), Karima PEYRONIE (journaliste), Eric DJAMAKORZIAN, (Agent hospitalier), Anissa HAMIMI (cadre) ; Rodrigo ARENAS (député de Paris), Nadia BOUSNINA (dirigeante), Hakim ZOUANI (réalisateur), Nathalie BONDETTI (consultante ESS, thérapeute), Hamza HAMZAOUI (élue municipale), Samia HACHIM (expert-comptable) ; Emmanuelle DESJARDINS (enseignante), Sihem HAMIA (présidente associative) ; Aurore LICOT (enseignante), Bouchra LOUKILI (éducatrice) ; Virginie VIMEUX (enseignante), Didier BRAS (infographiste), Laetitia DIVE (journaliste), Linda LACHKAR (formatrice), Marcel COTTE (enseignant retraité), Mélanie COTTE (responsable environnement), Hadj KHELIL (dirigeant de société), Noura BARA (consultante), Basma ABOU-SALEH (traductrice), Anne MONTILLOT (agent territorial), Linda BOUHIDEL (Manager analytics), Françoise BERNARD (professeure honoraire), Manël BENMANOUZ (gestionnaire), Florence PINTUS (ex cheffe de projet coopération méditerranéenne), Myriam MERABET (office manager), François MIEHE (graphiste), Nora KOUADRI (infirmière), Bertrand MATHIEU (architecte urbaniste).