Rodrigo Arenas ex-président de la FCPE et maintenant député de Paris, et Sabrina Ali Benali, médecin urgentiste, tous deux membres de l’Union populaire, dénoncent une « course à la compétitivité » à l’hôpital et à l’école. Un « démantèlement » de ces services publics amené selon eux à s’accélérer sous le second quinquennat d’Emmanuel Macron
L’excellence de nos écoles et hôpitaux publics va-t-elle survivre à Emmanuel Macron ? À la fin de ce quinquennat, ces deux piliers du service public sont en grande difficulté et souffrent des mêmes maux : fermeture des établissements les moins rentables, difficultés à recruter, ressources d’investissement en baisse, personnels surmenés, impossibilité de mener à bien leurs missions…
Aussi, lorsque des femmes sont obligées d’accoucher sur la route, car les maternités ont fermé dans leur département (comme dans le Lot où il n’y a plus qu’une maternité à Cahors), lorsque des enfants de moins de 10 ans sont obligés de parcourir en moyenne 9,5 km, car leur école de proximité a fermé, on est en droit de se poser une question : comment et pourquoi ces services publics de proximité, indispensables au bon déroulement de la vie de nos concitoyennes et de nos concitoyens, sont-ils en voie accélérée de dysfonctionnement ?
L’école comme l’hôpital sont désormais inscrits dans une course à la compétitivité et doivent répondre à un impératif : obtenir le maximum de résultats tout en baissant la dépense publique… Une injonction contradictoire qui donne lieu à d’importantes dérives. À l’hôpital, les pansements sont désormais contingentés, les meilleures et plus coûteuses molécules sont réservées aux patients dont les pronostics sont les meilleurs…
À l’école, des classes sont fermées, les collèges voient leurs dotations horaires globales chuter alors même que nos enfants ont été très impactés par la crise sanitaire et ont besoin de davantage d’attention, de renforcement de leurs apprentissages grâce à une réduction des effectifs dans les classes !
Cette politique volontariste du désengagement progressif l’État permet l’ouverture des missions de la puissance publique aux intérêts privés. Ainsi, quand le gouvernement fait le choix de ne pas remplacer les enseignants absents ou de réduire le volume d’heures dispensées dans les collèges, les élèves se reportent davantage sur des cours de soutien privés, particulièrement onéreux, pour « rattraper » les apprentissages qu’ils n’auront pu réaliser. Il en va de même dans l’enseignement supérieur où les jeunes refusés à l’entrée des formations publiques de BTS trop peu nombreuses poursuivent leurs études dans des formations privées trompeuses (non qualifiantes et excessivement onéreuses). À l’hôpital, même constat où l’aggravation des conditions de travail conduit le personnel médical à exercer dans des hôpitaux privés plus attractifs et où les patients les plus nantis finissent par opter pour des cliniques privées pour recevoir des soins plus rapidement, dans de meilleures conditions d’accueil…
Les missions du service public qui servent l’intérêt général renforcent la République. Le déclin du service public se traduit d’ores et déjà par un affaiblissement de l’autorité de l’État et par un abandon des populations les plus fragiles, voire des classes moyennes, qui auront de moins en moins facilement accès à des services de qualité. Ce désinvestissement n’est pas le fruit du hasard ; en effet, en privatisant, ou en commercialisant, les services de l’État, le gouvernement permet à des intérêts privés de se réserver les missions les plus rémunératrices et de laisser au public les moins rentables. Ce démantèlement des services publics pourrait d’ailleurs s’accélérer si l’on en croit Emmanuel Macron qui s’est dernièrement exprimé sur son souhait de rendre les universités payantes !
Aujourd’hui, il est encore temps de légiférer dans le cadre d’un débat démocratique pour sauver le service public et, au-delà, le renforcer avec une école et un hôpital totalement gratuits tout en prodiguant des services d’excellence. Pour toutes et tous et pas seulement pour quelques-uns ou quelques-unes.