Brésil, Argentine, Colombie, Mexique, Pérou, Chili, Surinam, Guyane,…Quand t’es latino tu as une part de tout ça en toi. Et même si les « Américains de souche » reçoivent toujours des balles dans la nuque en échange de leur terre, l’Amérique c’est tout ou rien. L’Amérique c’est le métissage en héritage. L’Europe c’est autre chose et je crois bien que je ne réussirai jamais à clamer la french touch en fermant le coeur à son histoire. Mais pourquoi pas ? Les robinsonnades permettent parfois de dégager de l’universel en replongeant aux coeur de racines imaginaires. Pourtant, les constructions mentales consanguines n’ont jamais été des gardes frontières très efficaces pour absoudre l’Hexagone des migrations transalpines. Le Rhin, la Manche, l’Océan, la Méditerranée, les Pyrénées, Orly, sont autant de frontières qui brassent les imaginaires comme autant d’horizons à atteindre.

 

Je suis Basque et Viking comme les Normands, Breton et ZaÏrois comme Youssoupha. J’ai mis Nana Mouskouri dans mon Napster, c’est la première chanson française que j’ai apprise. J’ai vu et lu Les ritals de Cavanna. Comme Lantier, j’ai maudis les Belges dans le Germinal de Zola. J’ai suivi les invasions des barbares venus du nord sur Netflix et cherché les frontières de l’infini au côté de Marco Polo. Mais qui peut donc parler sérieusement de grand remplacement ? Ne vois-tu pas mon ami que la France c’est plus que toi ou moi ? Ne vois-tu pas mon ami que la France est belle de toutes ses couleurs ? Ouvre ton coeur comme j’ai ouvert le mien. Ton histoire c’est aussi notre histoire et la France c’est tout ça. Pas plus, pas moins. L’école ça sert aussi à ça.

 

Depuis l’exode du grand rift rien ne se perd, tout se recrée comme pour chaque verre de vin chilien revenu sauver les vignes décimées par un champignon vorace. Respire. Oui tu es là toi aussi, aux côtés de ce juif algérien qui se fait appeler Enrico et qui tombe les murs et les frontières la guitare à la main. Nous sommes chez nous là où nous sommes, comme au coeur d’un cercle circassien, nos petits doigts entrelacés. Sois aussi chez toi à l’autre bout de monde. Les frontières sont si ridicules vues du ciel, comme autant de lignes tracées dans l’Océan. C’est si futile. Aujourd’hui à la télé j’ai vu les souffles de nos vies se terminer au fond de la mer Méditerranée. Demain est un autre jour. J’ai eu une amie au bout du fil, elle m’a demandé de l’aider, je ne lui ai pas demandé ses papiers. Demain est un autre jour pour ouvrir les portes des écoles pour ces nouveaux enfants d’ici ou d’ailleurs. Ils ont la beauté d’être né de notre propre humanité. Douce France faite des brassages de l’histoire, les souches ne sont que des fables, nous sommes tous des bourgeons de milles fleurs et qu’on soit d’ici ou d’ailleurs, nous avons tous rendez-vous quelque part sur Terre.

 

On est chez nous. La France est un carrefour de migrations, à la croisée des chemins de l’Europe et du monde. J’ai vu à la télé des reportages sur des histoires qui nous racontent. Mais qui peut bien retenir un rire en écoutant un(e) Le Pen ou un Zemmour ? On devrait faire écouter Django Reinhardt comme œuvre de salubrité publique. Ce tzigane hexagonal qui, comme un camouflet aux ergots et aux coups de bec des manipulateurs de l’histoire, fait tomber les frontières en rappelant note après note que la France n’est le privilège de personne car elle est désormais citoyenne. La France s’est forgée une identité de la pluralité de celles et ceux qui l’on embrassée, venus des terroirs métissés, de par-delà les frontières au fil des guerres comme de l’importation de travailleurs. Cette France cultivée des cosmopolitismes, augmentée des découvreurs et des influences du progrès. On est ici on est ailleurs, citoyens du monde pour le meilleur comme pour le pire, la France c’est tout, jamais rien. Et contrairement à ce que disait l’ami Léo, même ce rien je ne vous le laisse pas!