J’ai vu « La fracture », séquence revival de 5 années insupportables qui auront été dans la continuité des 5 précédentes et bis repetita. Je me suis engagé à corps perdu pour l’école et, comme beaucoup, j’ai soutenu l’hôpital comme j’ai pu, jusqu’à l’applaudir avec ma tribu pour le 20h de la Covid. Pourtant, à bien y repenser, de son côté l’hôpital, m’a toujours soutenu sans retenue. Par 4 fois il m’a soutenu pour faire naître mes gosses, par 4 fois du personnel dévoué a contribué, parfois au bout de ses forces, à donner la vie et a contribué, le temps d’un instant, à la survenue de chacun de ces moment merveilleux. Et de la motivation, il leur en faut pour se lever chaque matin en mode Lantier, les poings bien serrés au fond des poches pour sauver des bobos et des vies. Ouais, quand t’enchaînes les infos, c’est plutôt sur le visage des fous qui commercialisent la santé que t’as envie de poser ta main bien ouverte et bien généreusement remplie des colères contenues et des coups reçus day after day.

L’hôpital, j’ai connu. Quand le môme s’est enfoncé des fleurs Playmobil dans les trous de nez, quand les incisives d’un autre se sont retrouvées bien enfoncées dans les gencives en tombant dessus parce que le foot, comme le chat perché, quand t’as 4 ans, c’est à fond ! L’hôpital public, c’est ce personnel qui t’explique que la fièvre va tomber avec le Doliprane pour enfant, que l’entorse va se réparer, que le plâtre c’est plus impressionant que ça en à l’air. L’hôpital public, ça t’aide à devenir un parent davantage que les repas de famille où tu grignotes des saucisses au barbecue et quand le rosé rappelle les souvenirs des parents aux cheveux blancs, des cataplasmes à la moutarde, l’huile de foie de morue et du petit coup de calva pour soigner tout ça. 

L’hôpital public, c’est aussi les urgences, où un personnel débordé doit trier entre les malades, qu’ils soient SDF, cadre ou employé ; qu’ils soient bébé, enfant, ados, adultes ou vieux. L’Hôpital te soigne au bout de ses forces que tu sois beau gosse, moche, mince ou gros lard. L’hôpital public s’en fout de qui tu es, il prend soin de toi même quand on ne prend plus soin de lui. L’hôpital public, c’est aussi la rage de retrouver les médecins dans les cliniques privées parce qu’on ne leur propose plus de salaires suffisants et, qu’au mieux, ça leur fait préférer des postes de vacataires mieux payés dans le public, tout en coûtant une blinde supplémentaire sur nos impôts. Je pense comme d’autres que c’est fait exprès, que c’est mis en œuvre pour vider l’hôpital public de ses personnels soignants et les faire fuir vers le privé dans la même logique que pour d’autres services publics, comme l’école. 

Alors, j’ai lu ce matin que le gouvernement allait diligenter une enquête sur les fermetures de lit (sic). J’imagine que ça va être de la faute de malades qui vont trop se faire soigner. Le pot de terre du bon sens populaire ira sûrement se faire exploser contre le pot du compte bancaire de la rentabilité financière du système de santé. Finalement, les gilets jaunes avaient raison au moins sur un point. Quand le foutage de gueule est trop puissant, ça fout la rage et on a besoin de se retrouver sur les ronds-points pour partager sa souffrance, pour éviter de sombrer dans le folie, l’alcoolisme ou le Lexomil. Pourtant, la République, c’est nous !