Je crois que s’il fallait trouver un mot qui me définisse comme parent d’élève, ce serait, tout simplement, le mot : militant. D’abord parce que je le connais depuis longtemps. « Militante ». Enfant, mon père et ma mère ont dû fuir le Chili, le pays où je suis né, justement parce qu’ils étaient des militants anti-fascistes. C’est un drôle de petit mot, qui finalement me va bien. Mieux, c’est un mot qui nous va bien. Nous aimons à dire que ce qui nous rassemble ce sont les enfants. Mais non, ce n’est pas seulement cela, sinon nous nous contenterions d’organiser des goûters avec les copains de nos enfants. Nous, nous faisons le choix de nous réunir, de travailler, de réfléchir, d’agir au sein d’une vieille Fédération, la FCPE. Pourquoi ? Parce qu’au-delà des enfants, ce qui nous réunit tous ici c’est notre volonté de nous battre, c’est notre engagement bénévole pour offrir aux jeunes un avenir meilleur. Nous sommes toutes et tous des guerriers, prêts à donner de notre temps, de notre savoir-faire pour qu’aucun enfant ne soit victime d’injustice, de maltraitance ou d’inégalités à l’école. Bien sûr, nous luttons avec nos moyens, souvent restreints, notre enthousiasme, toujours au rendez-vous, pour que les enfants, tous les enfants, vivent une jeunesse pleine, belle et heureuse. Nous avons choisi de partager notre temps, si précieux parce que nous le volons à notre famille, avec nos camarades engagés pour faire fonctionner cette Ecole de la République en laquelle nous continuons de croire.
Cet engagement, il est total. Quand on est un militant, on ne fait pas semblant. Vous le savez puisque vous le faites tous les jours au quotidien. Et c’est ce que j’ai eu le sentiment de faire, moi aussi, aux côtés de tous les administrateurs, durant ces trois années passées à la tête de cette Fédération. J’ai essayé d’être toujours disponible, pour vous répondre comme pour répondre aux médias, j’ai vraiment eu envie de mener des combats importants, comme en témoigne notre dernière campagne contre l’inceste. J’ai aussi voulu que nous avancions sans avoir peur du changement, comme avec la coprésidence paritaire, en osant innover comme en témoignera notre plateforme de fournitures qui deviendra à terme un réseau social des parents et une plateforme collaborative.
Je ne vais pas énumérer tous les chantiers que nous avons ouverts, le plus emblématique de tous étant d’ailleurs celui qui, grâce à de vrais travaux, transformera notre siège, mais sachez que cela nous a demandé à tous un fort investissement. Et pour moi, cela a impliqué de dépenser une énergie extra-ordinaire, de fournir un énorme travail, de prendre du temps sur mes congés, mes soirées, mes week-ends, de mettre ma réflexion, voire mon inventivité, au service de projets forts…dans tous les cas, qui moi me paraissaient forts. Je l’ai fait avec un immense plaisir, un immense bonheur. Mais je suis persuadé que les mandats épuisent les ressources des hommes et des femmes qui les portent. Cela vaut en politique comme dans l’engagement associatif. Etre à la présidence d’une telle Fédération est incroyablement énergivore. J’ai voulu me donner à fond, sans compter, mais je ne crois pas que l’on puisse renouveler si facilement de telles expériences, surtout quand on a à cœur de les mener totalement. Si j’avais candidaté pour un renouvellement de mon mandat, je ne suis vraiment pas sûr que j’aurai pu donner autant de mon enthousiasme et de mon dynamisme pour les trois prochaines années. Il faut savoir non pas tourner des pages, mais continuer l’histoire différemment.
Evidemment, comme je quitte le CA national, j’ai parlé à la première personne. Evidemment, vous savez bien, vous qui jouez toujours collectif, que le « je » ne serai rien sans le « vous », sans le « nous ». Ce travail accompli ces trois années n’a été possible que grâce au travail de toute une équipe. D’un conseil d’administration au taquet, malgré les difficultés d’une crise sanitaire aussi surprenante qu’épuisante. D’un bureau intelligent, soudé, qui a affronté ensemble les dictats d’un Ministère dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a été bienveillant ni avec les enfants ni avec les parents. Et, bien sûr, grâce à une coprésidente qui elle aussi a accepté de jouer un jeu dont nous ne connaissions pas les règles à l’avance. Je veux dire aujourd’hui à Carla un immense merci pour son engagement, pour m’avoir supporté également, parce que je sais que je peux être, comment dire, un peu « fatigant », pour m’avoir toujours apporté un soutien sans faille, et avoir travaillé sans relâche pour faire fonctionner cette grande maison. Sans elle, cette aventure n’aurait pas été possible.
Je ne terminerai pas sans remercier les salariés du siège. Parce qu’elles et ils ont également dû me supporter durant ces trois années et je sais bien que je ne suis pas toujours le plus aimable des garçons ! Mais elles et ils ont su donner beaucoup pour que nos projets prennent corps, pour qu’ils aboutissent, malgré des conditions parfois difficiles. Alors merci à elles, à eux.
La boucle est bouclée, mon petit tour de remerciements démontre à quel point notre organisation repose sur le collectif. Je reste bien sûr un adhérent de la FCPE. Non, un militant de la FCPE. Notre Fédération a pour mission de porter une image refondée, novatrice, bienveillante de l’Ecole au sein de la société, à l’image du Manifeste que nous avons produit ensemble ce week-end et dont nous pouvons être fiers. Cette mission, vous pourrez compter sur moi pour continuer à la mener jusqu’à ce que, comme l’on dit sur le continent d’où je viens : « Hasta la victoria siempre ».